Journal de voyage: Nosara par Cory Le Guen

Difficilement accessible mais encore plus difficile de la quitter, Nosara se cache sur la côte Pacifique. Un paradis en plein air pour les surfeurs, les expatriés et les adeptes de yoga.

Il y a une certaine frénésie lorsque les jours qui précédent un voyage en terre inconnue se rapprochent du départ. Un temps qui semble passer au ralenti. On vérifie que son passeport est bien à jour, que tout ce qui doit être réservé l’est, puis le jour J est là. Un voyage au Costa Rica, si attendu, si espéré tant est si bien que j’ai l’impression d’être un enfant de cinq ans. Dans l’avion Air France qui relie Paris à la capitale San José, les paysages du pays scruté à travers plusieurs sites internet reviennent en mémoire.

Il fait déjà chaud lorsque passé les formalités d’arrivées, les premiers pas à l’extérieur du terminal se font lourds. Il ne faut pas tarder et perdre une minute : dès le lendemain matin six heures, un avion est prévu pour la région du Guanacaste, l’une des sept provinces du pays.

Photo: Cory Le Guen

Le trajet vers Nosara, Costa Rica

Depuis la capitale, le monomoteur à hélice de douze places nous embarque vers la côte Ouest du pays : Nosara.
Les paysages verdoyants fascinent les sept passagers qui ont tous leurs téléphones collés aux hublots, moi y compris.
On se croirait dans l’un de ces documentaires si propres à National Geographic. L’océan Pacifique se fait plus majestueux à mesure du périple aérien. Le contraste entre le vert tropical et le bleu de l’eau est saisissant. La connexion avec les éléments se fait naturellement.
La péninsule de Nicoya, où est située Nosara, on calcule les distances en heures plutôt qu’en kilomètres, surtout le long du littoral. Les routes y sont asphaltées par intermittence et, par endroits, elles semblent avoir été la cible d’une pluie de météorites. Tellement que certains des nids-de-poule sont gigantesques. La conduite n’est pas agréable mais on sait qu’au bout de ce tambour véhiculé se trouve le bonheur sur Terre.
En février aride, la poussière recouvre les bords de route luxuriants, créant une tranchée de couleur argileuse dans la forêt tropicale sèche. Rien n’indique qu’il s’agit d’une route vers n’importe où – certainement pas un paradis.

Pourtant, la voix du GPS m’a finalement demandé de tourner à gauche, alors j’ai guidé ma Toyota de location sur un sentier encore plus accidenté et sinueux le tout en évitant les deux roues, les pick-up et les camions de bétails.

J’avais entendu parler de Nosara pendant des années, grâce à des instructeurs de fitness ravis de leurs retraites de yoga et de ses camps de surf, pour ne nommer que ces deux activités majoritaires. La ville a une large communauté d’expatriés « d’hippies » américains qui remonte au moins aux années 1970. Il n’est toujours pas rare d’entendre l’histoire d’une famille américaine qui fait ses valises et s’y installe définitivement à l’instar de Mel Gibson qui y habite une bonne partie de l’année.

Photo: Cory Le Guen

Hébergement et restauration à Nosara, Costa Rica

L’hébergement moderne va des centres de villégiature quatre étoiles aux hôtels et auberges de plage discrets. Certains comme le Lagarta Lodge possède sa propre réserve faunique et un engagement envers le tourisme durable. La préservation de l’environnement est l’une des choses les plus captivantes au Costa Rica tant les citoyens semblent y être sensibilisés.

Dans la chambre que j’occupe, un panneau dans ma chambre conseillait de verrouiller les portes-fenêtres coulissantes pour éviter l’intrusion de coatis (une sorte de raton laveur au long nez) qui ouvrent astucieusement pour y voler le sucre disposé pour la machine à expresso mais la plupart des nuits, je me contentais d’éteindre la climatisation, d’ouvrir les portes vitrées et de m’endormir en écoutant le vent et les vagues déferlantes, suivis à l’aube par les grognements gutturaux des singes hurleurs.

À la tombée de la nuit, Chirriboca fait venir des gens de partout à Nosara pour un dîner très latino, relativement habillé. Je me souviens encore de la création artistique du chef : un filet de truite et d’un avocat entier, servi sur un risotto de maïs, ou du vivaneau des Caraïbes enrobé d’une sauce piquante au gingembre et à la noix de coco – le tout apprécié pendant que Vénus descendait la nuit sur cette même plage afin d’y éclairer la plage.

A Nosara, on a l’impression de s’abandonner, positivement. Les tracas du quotidien sont un lointain souvenir et on passe la matinée à savoir ce que l’on mangera pour le déjeuner et rebelote l’après-midi pour le dîner. Se laisser porter, c’est le principe même du pays « Pura vida » (pure vie) est tellement devenu synonyme d’un pays heureux qu’il se dit aussi à la place de saluer.

Ce que les touristes appellent Nosara est un enchevêtrement de quartiers cachés derrière deux plages principales : la plus longue, Playa Guiones et la cozy Playa Pelada. Le secret de la beauté de Nosara est qu’elle se trouve le long de la réserve faunique nationale d’Ostional, un lieu de nidification privilégié pour les tortues de mer où le développement est limité à moins de 200 mètres de marée haute. Alors que dans des villes comme Tamarindo, les hôtels et les restaurants jouxtent bruyamment la plage, à Nosara, tous les nouveaux développements sont nichés dans les bois, et les larges plages en profitent.

Playa Pelada, Costa Rica

En début de soirée, l’intime Playa Pelada devient un centre social. L’eau de mer éclate à travers la roche volcanique. Les cavaliers sillonnent le sable et les influenceurs potentiels organisent des séances photo à l’heure du coucher de soleil.
Les convives remplissent la cour sablonneuse de La Luna, le bar-restaurant le plus tendance de la plage. Les habitués de la plage, lorsque le soleil commence sa retraite pour y revenir le lendemain matin, les touristes et les Costaricains se rassemblent sur des couvertures pour ce rituel si respecté.

Alors que j’avais passé trois jours à Nosara, je n’avais pas regardé mon téléphoné, qui resté en « mode avion » ne me servait que pour prendre des photos. J’ai rallumé mon téléphone et des centaines de notifications se sont mises à vibrer dans tous les sens, me rappelant aux problèmes que traverse le monde.

J’ai éteint mon smartphone et je l’ai rangé. Les soucis du monde, mes soucis me semblaient être à des milliers de kilomètres comme si cette partie du monde été avant tout un baume à la sérénité. L’effet Nosara sans doute.

Auteur: Cory Le Guen