En dépit d’un système de santé robuste, le Costa Rica est confronté à une réalité alarmante : 57,7 % des femmes en âge de procréer qui ont accouché entre 2016 et 2018 ont déclaré avoir subi une forme ou une autre de violence obstétricale. Ce problème ne se limite pas au moment de l’accouchement, mais persiste même après, avant la sortie de l’hôpital.

L’analyse fait apparaître une constatation inquiétante : les niveaux de richesse des femmes sont statistiquement associés à la prévalence des violences obstétricales. Il est frappant de constater que plus le niveau de richesse augmente, plus le nombre de cas de violence obstétricale est élevé. Cela nous amène à réfléchir à d’éventuelles disparités de traitement fondées sur le statut économique.

Troubles sociaux et demandes de changement institutionnel

Les violences obstétricales n’affectent pas seulement la santé physique des femmes, mais violent également leurs droits humains et reproductifs ainsi que leur droit à la non-discrimination. Pour garantir un environnement de soins de santé respectueux de l’intégrité et des droits fondamentaux des femmes, il est impératif de s’attaquer à ce problème.

La lutte contre ce type de violence a suscité une forte agitation sociale au Costa Rica. Diverses institutions, telles que le bureau du médiateur, l’université du Costa Rica et la Cour constitutionnelle, sont intervenues pour s’attaquer efficacement à ce problème. La récente plainte pénale déposée par le président exécutif de la CCSS et la ministre de la condition féminine à la suite de la mort d’Isabella illustre la gravité de la situation.

Droits maternels : vers des soins respectueux

L’histoire tragique d’Isabella, dont la mère a dénoncé le refus de soins médicaux à l’hôpital de Nicoya, souligne l’urgence de lutter contre les violences obstétricales. Bien que les efforts pour la sauver aient été évidents, sa mort illustre la nécessité d’un changement institutionnel pour garantir des soins adéquats à toutes les femmes, quel que soit leur statut économique.

Ils ne veulent rien faire parce que le protocole de l’hôpital veut que j’attende que mon bébé meure parce qu’ils ne peuvent rien faire. Et je ne veux pas et je ne vais pas permettre quoi que ce soit. J’ai besoin que quelqu’un m’aide, parce que je dois sortir mon bébé d’ici.

 Angie Herrera Guzmán, madre de la menor. 

Dans cette optique, les actions médicales, surtout en ce qui concerne les femmes et la violence obstétrique, révèlent cette forme spécifique de domination, de discrimination et d’exclusion sociale. Il s’agit d’un jeu de pouvoir dans lequel il faut plus que des règles, il faut changer la relation entre le médecin et le « patient ». Par ailleurs, il serait bénéfique de rétablir l’utilisation de pratiques anciennes, favorisant ainsi une approche de santé qui permet à la patiente de passer par cette étape sans être dévalorisée. Cela éviterait le traitement parfois froid, impoli et humiliant résultant d’une méconnaissance évidente de la pratique médicale. Il est temps de mettre un peu plus d’humanité dans cette affaire et de changer les règles.

La négation du bénéfice des pratiques et savoirs traditionnels liés à l’accouchement place les professionnels de santé comme les seuls habilités à intervenir sur le corps des femmes. L’asymétrie médecin-patient est donc ancrée dans les pratiques sociales. En même temps, l’institutionnalisation des processus reproductifs dépossède les femmes du rôle principal dans leur propre grossesse, au moment de l’accouchement et même pendant la puerpéralité, une place qui est reprise par l’autorité du savoir professionnel.

Laura Belli

Violence obstétrique et droit de ne pas être soumis à des traitements cruels, inhumains ou dégradants

Les traitements cruels, inhumains et dégradants subis par les femmes pendant l’accouchement et les soins obstétriques sont inacceptables. On entend par là les violences verbales ou psychologiques, ainsi que le refus de soins de base.

En centralisant les soins maternels dans le domaine médical, l’État a marginalisé les connaissances traditionnelles des femmes, les objectivant et réduisant leurs droits individuels. La hiérarchie doit être remise en question et transformée. Cela implique de garantir le respect des droits des femmes pendant la grossesse, l’accouchement et la période postnatale.

En ce sens, la violence obstétrique devient une violation des droits qui va au-delà de la santé et affecte la dignité et l’égalité des femmes. Par conséquent, il est temps de procéder à un changement institutionnel et social afin de garantir à toutes les femmes du Costa Rica un traitement respectueux, digne et exempt de violence obstétrique.

Sensorial Sunsets